Nous repartons d’Arzew dès la renverse (le vent devenant favorable), le lundi 13. Objectif le port marocain de Larache sur la côte Atlantique. Trois jours et nuits de route vent arrière, sans houle, 10/15 nœuds de vent tout du long. Juste un peu de moteur. Du soleil d’un bout à l’autre.
C’est l’occasion pour Tristan, notre pêcheur attitré, qui prend un plaisir non dissimulé à le faire, de prendre son sixième poisson, une belle dorade coryphène de 3kg2. Un dossier spécifique pêche va bientôt être publié sur le blog.
C’est aussi l’occasion de se régaler les yeux … et le cœur … à voir une grande bande de dauphins avec leur cabrioles habituelles.
Et, pour éviter d’arriver de nuit très tard à Larache, je décide d’arrêter avant, à Asilah (15 miles avant Larache). Je ne connais pas, mais la configuration du port sur les cartes, et la possibilité d’un mouillage tranquille, nous amène à y poser l’ancre à 23h jeudi 16 novembre. Un quart d’heure après, un bateau de la police des frontières, arrive avec deux officiers. Très accueillants, ils demandent seulement les passeports, les papiers du bateau (acte de francisation : équivalent carte grise voiture), et l’attestation d’assurance.
Quand on décidera de partir, on reprend les documents, et entre temps la voie est libre de tout mouvement à terre. C’est le jour et la nuit avec l’accueil administratif algérien.
C’est l’occasion, anticipée par le capitaine, votre serviteur et rédacteur de ces bafouilles, de faire le plein de fruits et légumes pour vingt jours (Canaries plus traversée Atlantique). Une trentaine de produits différents dont anones, avocats et kakis. 90 kg au total (on avait une moto triporteur avec nous pour 10 euros), le tout pour un montant de 60 euros. Allez trouver cela ailleurs ! Oranges et mandarines sans pépins (50 centimes le kg) d’un délice absolu.
Petite ville paisible, petit port tranquille … Heureusement car nous restons là, malgré nous, pour un bout de temps du fait d’une météo qui « refuse ».
Le moteur bâbord, pour la troisième fois nous « grille » une courroie d’alternateur … trop de merci à Taher (rappel, mon mécano sauveur de mes moteurs en Tunisie, mais qui s’est révélé fourbe et mauvais au court du temps)
Deux jours après l’arrivée je constate la perte d’une hélice, une ancienne de rechange que j’ai mise à la place de celle, abimée, que j’avais perdue en Sardaigne. Il va falloir remettre la neuve (kiwi Prop) qui est là en réserve. Nous décidons, pour cela, d’aller beacher (amener le cata à toucher le sable trois heures après le début de la marée descendante, une heure après le cata est posé sur le sable sur ses deux quilles, nous avons quatre heures devant nous pour bosser).
Belle photo de Tristan
Nous levons l’ancre, je prends la barre pour effectuer cette opération, très vite je me rends compte que le cata ne répond pas aux moteurs, je remets l’ancre. Nous vérifions les hélices : il n’y en a plus aucune …
Je suis estomaqué, cela n’a jamais dû arriver à aucun marin du monde de perdre 3 hélices en moins de deux mois. Je n’ai plus le choix, Je mets ma tenue de plongée complète (tête, corps, pieds), et je remets la dernière hélice ancienne qui reste, en apnée ; pépère peut encore faire ça ! Le lendemain beachage, carénage ou grattage de la coque (à 5 c’est rondement mené, merci à mes marins), et mise de l’hélice neuve kiwi Prop. Je n’ai plus d’hélice de réserve, l’une est très performante, l’autre pour le moins nécessaire. Recherche vaine des hélices, eau trop trouble, même en plongeant au ras du fond. Un peu plus tard, on paie un plongeur avec sa bouteille, et il renonce au bout de 45 minutes, pour les mêmes raisons. Cela fait plus de dix jours que nous sommes là en attendant un vent favorable. Juste un espoir : si le vent tourne, comme prévu, l’eau va s’éclaircir (car pas d’entrée intempestive des vagues dans le port).
L’eau s’éclaircit. Mais le lendemain, il pleut et pas de soleil. Ça dure 3 jours, nous devons faire les courses à nouveau (on a entamé grave les grosses réserves prévues en partie pour la grande traversée, il faut les refaire). Le 29 nous refaisons le plein de bons légumes et fruits.
Entre temps, sorties journalières dans cette petite ville touristiques très tranquilles.
Restaurants généreux à 4/6 euros le plats principal, Hammam, ballades, une journée à Tanger (en train) pour visite vieille ville, …
Ce vendredi 30 nous levons l’ancre à 12h, juste après la remise de nos documents, au chaud avec les policiers du port. Nous avons droit à une visite (« fouille ») très rapide et relax.
Il fait soleil, et tout le monde est super content de reprendre la route.